Salle de médiation : l’espace pour faire voyager les visiteurs l’exposition

Faire payer un billet aux publics pour l’autre bout du monde ? C’est la promesse que de nombreux musées relèvent aujourd’hui ! Celle d’offrir un voyage sensoriel, culturel et émotionnel sans quitter les murs du musée. Mais avant de plonger dans l’ailleurs, encore faut-il préparer le visiteur à ce départ. Et c’est là qu’intervient un […]

Une salle de médiation, pour amorcer le voyage des publics vers le sujet de l'exposition

Une étape essentielle pour préparer le public à la compréhension d’un sujet lointain

Entre le quotidien du visiteur et le monde qu’il s’apprête à découvrir, il existe souvent un écart culturel, émotionnel ou symbolique. La salle de médiation joue ainsi le rôle d’un sas de déconnexion, à la manière d’un quai de gare ou d’un terminal d’aéroport. C’est l’espace où le public quitte son présent pour endosser le regard de l’explorateur, du curieux ou du témoin.

Dans un contexte muséal, cette salle de transition permet ainsi d’introduire les enjeux d’une exposition internationale, d’expliquer un contexte géographique ou historique. Ou encore d’ouvrir une porte vers une culture méconnue. Elle agit donc comme une médiation dans la médiation, une étape essentielle pour préparer le public à la compréhension fine d’un sujet lointain.

Pourquoi une salle de médiation transforme l’expérience du visiteur ?

Une exposition n’est pas qu’un alignement d’objets. Elle est une expérience narrative, une histoire racontée dans l’espace. Or, toute histoire a besoin d’une introduction. La salle de médiation sert ainsi cette fonction en contextualisant, interpelant et préparant.

Parmi ses bénéfices majeurs :

Créer une immersion progressive : avant d’être plongé dans l’univers visuel et sonore d’une exposition, le visiteur entre dans une atmosphère d’attente.
Réduire les barrières culturelles : certaines expositions abordent des civilisations, croyances ou symboles peu familiers. La salle de médiation explique, traduit ainsi qu’accompagne.
Stimuler la curiosité : en éveillant les sens et l’imaginaire, elle suscite l’envie d’en savoir plus.
Favoriser l’inclusion : c’est un lieu où l’on peut rendre accessibles les contenus à tous les publics (langage simplifié, dispositifs tactiles, audiodescription, etc.).

En somme, la salle de médiation transforme ainsi la visite en expérience de voyage complète, où le départ est aussi important que la destination.

Salle de médiation : exemple d'exposition proposant une transition pour introduire la médiation

Conte sous le tipi au Musée du Revermont “Herbiers. Mémoires végétales”

Dans un tout autre registre, le Musée du Revermont a transformé sa salle de médiation en atelier sensoriel. Sous un tipi installé au centre de la salle dédiée aux enfant était diffusée une animation sonore entourés de décors. Ainsi coupé du reste des ateliers de médiation les enfants se sont retrouvé enveloppés pas un conte sonore introduction au sujet.

Les escales du Musée Albert Kahn “Rio Buenos Aires 1909”

Au Musée Albert Kahn, l’exposition “Rio Buenos Aires 1909” plonge le visiteur dans la poésie visuelle des autochromes. Dans des cabines munies de douches sonores et de projection visuelles, les visiteurs sont embarqué dans les souvenirs d’Albert Kahn. Telles des escales des étapes du voyage de ce philanthrope, les publics passent de sas en sas à travers les autochromes.

Les couloirs sonores du Château Borély “Asie fantasmée”

Les couloirs de l’exposition diffusaient des ambiances sonores de ruelles asiatiques d’époques. De cette façon chaque transition de salle proposaient ainsi un moment d’écoute stimulant l’imaginaire. Préparant de ce fait les publics à la prochaine exposition d’objets.

Le tunnel du Louvre Lens "Mondes souterrains"

L’exposition Mondes souterrains du Louvre Lens proposait à ses visiteurs de rentrer dans l’exposition par un couloir-tunnel sonorisé. Plongé dans la pénombre, les publics étaient entourés de son des grottes tantôt « goutellantes », tantôt résonnantes et de sa faune.

Comment concevoir une salle de médiation efficace pour faciliter la transition de l'extérieur vers l'intérieur du musée ?

La réussite d’une salle de médiation repose donc sur un équilibre entre contenu, émotion et participation.
Voici quelques clés pour la concevoir :

Définir une intention claire : s’agit-il d’introduire un thème, de préparer à un choc culturel, d’éveiller les sens ou d’amorcer une réflexion ?
Jouer sur les sens : le son, la lumière, les odeurs ou les matières peuvent ainsi faire basculer le visiteur dans un autre univers.
Favoriser la participation : tablettes interactives, manipulations, carnets de voyage ou cartes à remplir encouragent une posture active.
Adapter à tous les publics : la salle de médiation doit être inclusive, avec des niveaux de lecture variés et des dispositifs accessibles.
Créer une cohérence scénographique : elle doit s’inscrire dans le fil narratif de l’exposition, tout en affirmant sa fonction de sas d’entrée.

Être accompagné de professionnels de l’immersion sonore

Dans un monde où les frontières physiques se multiplient mais où la curiosité pour l’autre demeure intacte, le musée devient ainsi un lieu de voyage immobile. La salle de médiation en est donc la porte d’embarquement. Telle un espace de préparation, de décodage et de rencontre. Elle permet ainsi de transformer la simple visite en expérience de découverte globale. Où chaque exposition devient un passeport vers de nouvelles compréhensions du monde.

En conclusion, la salle de médiation n’est pas un simple préambule, c’est une invitation au voyage, une promesse de compréhension et d’émotion. Qu’il s’agisse de l’Amazonie, de l’Asie fantasmée ou des herbiers du Revermont, elle accompagne le visiteur dans sa traversée symbolique. Celle qui fait donc du musée un véritable territoire d’exploration.