Technologies et musées : opportunité pédagogique ou risque de distraction ?
Les musées du monde entier explorent de nouvelles façons d’attirer et de fidéliser leurs publics. Et les dispositifs immersifs sont en première ligne de ces stratégies. Pourtant, l’introduction de technologies avancées dans les parcours de visite suscite des réticences. Nombreux sont ceux qui craignent que la réalité virtuelle, la réalité augmentée ou d’autres dispositifs numériques […]
Les musées du monde entier explorent de nouvelles façons d’attirer et de fidéliser leurs publics. Et les dispositifs immersifs sont en première ligne de ces stratégies. Pourtant, l’introduction de technologies avancées dans les parcours de visite suscite des réticences. Nombreux sont ceux qui craignent que la réalité virtuelle, la réalité augmentée ou d’autres dispositifs numériques puissent détourner l’attention des visiteurs des œuvres originales. Et ainsi complexifier leur expérience. En réalité, ces craintes révèlent une problématique plus profonde ! L’utilisation de technologie immersive au musée peut être perçue comme une source de distraction lorsqu’elle est mal pensée. Cependant, lorsqu’elles sont intégrées avec une intention pédagogique claire, ces technologies offrent des opportunités uniques pour renforcer la connexion avec les visiteurs.
L’émergence de l’immersion dans les musées : une réponse aux attentes des publics
Évolution des attentes des visiteurs dans les lieux culturels
L’essor des dispositifs immersifs dans les musées reflète une évolution des attentes des visiteurs. Notamment des jeunes et des publics en quête d’interactions multisensorielles. D’après une étude menée sur l’intégration de l’immersion dans les musées français, une majorité des institutions ayant tenté ces dispositifs observe une augmentation de la fréquentation.
Et ce, particulièrement parmi les jeunes publics, qui recherchent des expériences participatives et sensorielles (SFSIC/DUMAS). Dans ce contexte, les dispositifs immersifs apparaissent comme un moyen de rendre les musées plus accessibles et attrayants. Permettant ainsi de stimuler l’imagination et engager des visiteurs.
La peur de la technologie immersive au musée des équipes des musées et des publics agés
Malgré cet intérêt croissant, certains musées et professionnels de la culture hésitent à adopter ces technologies. La crainte principale est que les dispositifs immersifs distraient les visiteurs des œuvres et leur compliquent l’expérience. Ce phénomène serait notamment observé lorsqu’ils reposent sur des équipements avancés comme les casques de réalité virtuelle.
L’intégration de tels dispositifs nécessite souvent des ressources supplémentaires et peut dérouter certains visiteurs. En particulier les plus âgés, qui peuvent percevoir ces technologies comme des obstacles au lieu d’outils d’enrichissement (OpenEdition Journals/Correspondances).
Immersion discrète et non intrusive : le son comme vecteur pédagogique sans empreinte au sein des expositions
Des dispositifs de médiation immersifs pour accompagner le visiteur dans le thème de l'exposition.
Cependant, l’immersif ne signifie pas forcément recours à des technologies visuellement envahissantes. De nombreuses institutions ont opté pour des dispositifs plus subtils. Ces dernières permettent aux visiteurs de vivre une expérience immersive sans être submergés par la technologie. Le Louvre-Lens, par exemple, a utiliser une ambiance sonore immersive discrète pour plonger dans l’atmosphère de son exposition « Six pieds sous terre« . Ce type de dispositif s’intègre de façon discrète, sans empreinte physique sur l’espace d’exposition. Et permet ainsi au visiteur de choisir quand et comment interagir avec le contenu. Favorisant ainsi une expérience de visite personnalisée et immersive sans détourner l’attention des œuvres (SFSIC).
Exemples de technologies immersives au musée
La Cité des sciences et de l’industrie et le Musée des Confluences suivent une approche similaire. En privilégiant les formats audio et les dispositifs interactifs subtils qui complètent l’exposition en place sans imposer une immersion visuelle totale.
Cette méthode permet d’accompagner les visiteurs dans leur parcours de manière informative et immersive. Tout en évitant que la technologie ne devienne l’objet principal de l’attention. Le visiteur reste ainsi maître de son expérience, choisissant d’activer ou non les contenus complémentaires proposés, ce qui lui permet de s’engager à son rythme et selon son propre intérêt(DUMAS).
Renforcer la connexion et la compréhension des œuvres grâce aux contenus numériques de la technologie immersive au musée
L’immersion au musée, une question d'intention pédagogique
Pour certains visiteurs, les dispositifs immersifs renforcent le lien émotionnel avec les œuvres. Ils permettent ainsi une compréhension plus profonde des contextes historiques et artistiques.
L’immersion bien pensée peut enrichir la perception d’une œuvre ou d’une époque en lui donnant une dimension humaine et narrative. (Correspondances).
En permettant aux visiteurs de découvrir les œuvres dans leur contexte originel, les technologies immersives participent à une forme de médiation active. Ce type d’approche peut être particulièrement bénéfique pour les visiteurs jeunes ou ceux qui ont moins de familiarité avec l’histoire de l’art et le patrimoine culturel.
Plutôt que de remplacer le rôle de l’œuvre, ces dispositifs offrent donc des clés de lecture supplémentaires. Favorisant ainsi une meilleure compréhension et un engagement plus personnel.
Concrètement, comment intégrer la technologie immersive au musée ?
L’usage de technologies immersives dans les musées doit s’inscrire dans une logique pédagogique pour éviter les écueils de la distraction et de la surabondance technologique. Comme le soulignent plusieurs experts, l’enjeu pour les musées est de trouver un équilibre entre la mise en valeur des œuvres et l’ajout de contenus numériques complémentaires. Il s’agit d’utiliser l’immersion comme un outil d’accompagnement plutôt que comme un remplacement de l’objet patrimonial ou artistique (OpenEdition Journals).
La conception de dispositifs immersifs bien intégrés nécessite une réflexion approfondie sur les objectifs pédagogiques visés. Ainsi que le type d’expérience souhaitée pour les visiteurs. Cela passe par des collaborations entre professionnels du patrimoine, spécialistes de la pédagogie et experts en technologies numériques. Tous travailleront donc ensemble pour créer des parcours de visite où la technologie se met au service de la compréhension des œuvres et non l’inverse (Correspondances).